« L’avocat était une femme » : une plaidoirie à dix voix des “tenoras” du barreau
En janvier 2021, l’avocate Julia Minkowski et la journaliste Lisa Vignoli publient dix portraits d’avocates pénalistes, à travers leur affaire la plus marquante (*). Des récits engagés à la croisée du droit, de l’histoire et du féminisme.
Julia Minkowski les surnomme les « tenoras ». Elles ont acquis leur renommée en plaidant dans des affaires criminelles ou des dossiers médiatiques. Si les femmes représentent aujourd’hui 56 % des avocats, toutes spécialités confondues, leur place dans l’arène pénale reste une conquête récente, encore marquée par un univers historiquement masculin.
Alors que les « ténors du barreau » ont longtemps monopolisé l’attention, ce livre se concentre sur les grands dossiers plaidés par des femmes comme Frédérique Pons pour Guy George ou Céline Lasek pour Bertrand Cantat. Parmi elles figure Jacqueline Laffont, l’une des figures les plus respectées de la profession. Elle s’est illustrée dans des dossiers emblématiques, comme celui de Patrice de Maistre dans l’affaire Bettencourt ou encore la défense de Nicolas Sarkozy dans l’affaire des écoutes. Mais c’est à travers la défense de Charles Pasqua, ancien ministre de l’intérieur qu’elle choisit d’exprimer sa vision du métier. À travers son témoignage, elle confie ainsi n’avoir jamais trop cloisonné sa vie professionnelle de sa vie privée.
D’autres avocates partagent également, avec sincérité, les épreuves émotionnelles qu’elles ont pu traverser, certaines évoquent des larmes versées après un procès éprouvant. D’autres n’hésitent pas à dire qu’elles ont sollicité un soutien psychologique.
Ce livre se veut également un outil de transmission. Julia Minkowski, fondatrice en 2013 du Club des femmes pénalistes, a souhaité faire exister dans l’imaginaire collectif des figures féminines de la plaidoirie « pour que le grand public apprenne à connaître ces Dupond-Moretti au féminin » et inciter les futures générations à s’identifier à ces modèles. Elle souligne aussi que l’ouvrage « met en lumière de grandes avocates pour que chacun, s’il est un jour confronté à la justice, n’hésite pas à choisir une femme pour le défendre ».
Chloé Courtine
* « L’avocat était une femme » de Julia Minkowski et Lisa Vignoli, éditions Jean-Claude Lattès (Grand Format 19 euros)