Une “femme de paille” condamnée après avoir blanchi de l’argent pour son frère

Anastasia comparaît le 27 février 2025 au tribunal de Lille, pour faux, blanchiment et abus de biens sociaux. Au procès se raconte un parcours de femme devenue délinquante pour aider son frère. La défense plaide la sœur sous influence.

Anastasia, 24 ans, se présente à la barre, embarrassée. Elle est jugée pour avoir produit des faux documents en tant que gérante d’un spa à Tourcoing, dans le but d’aider son frère à être remis en liberté ou obtenir un allègement de peine. Jusque-là, elle avait été condamnée à trois reprises, pour des infractions routières.

Anastasia comparaît aussi pour blanchiment et abus de biens sociaux. Il a été établi qu’elle a transféré, entre 2022 et 2023, 4 580 € du compte de la société vers son compte personnel et celui de son frère. Elle affirme avoir exécuté les ordres de ce dernier. “Pourquoi avez-vous obéi ?”, demande la présidente. La prévenue répond craintivement qu’elle a tiré profit de la situation.

Le procureur détaille des achats et un train de vie incohérent vis-à-vis des maigres revenus de la prévenue : chaussures Hermès, foulard Louis Vuitton, etc. En 2022, Anastasia a alterné entre chômage et travail chez Flunch. Elle contredit ses précédents propos en évoquant des “économies”, sans pouvoir expliquer d’où elles viennent.

Quatre liasses de billets cellophanées, d’une valeur de plus de 4 000 € au total, ont été retrouvées chez elle. “Vous vous rendez compte que ce sont des méthodes de narcotrafiquants ?”, s’agace la présidente. La prévenue reste silencieuse. “Vous avez été une femme de paille. Mais comprenez-vous que vous êtes tout de même responsable ?”, insiste la juge. “Non”, répond tout bas Anastasia, intimidée.

Le frère d’Anastasia a été condamné à de très nombreuses reprises pour vols par effraction et trafic de drogue. Anastasia nie avoir été au courant de ce passé judiciaire. Elle affirme ne pas être impliquée dans la production des faux signés en son nom et ignorer comment son frère les a obtenus.

Anastasia habite chez sa mère. Interrogée à ce sujet par son avocat, Me Stéphane Bulteau, elle fond en larmes. “C’est parce que ma mère est handicapée. Je m’occupe d’elle, je fais le ménage, la cuisine…” “Je n’ai plus de relations avec mon frère”, ajoute-t-elle.

En défense, l’avocat insiste sur la vulnérabilité de sa cliente qu’il qualifie de “femme de paille”, comme l’avait fait la présidente. “Elle a été gentille, voire bête, très bête, en soutenant son frère par loyauté”, avance-t-il.

Anastasia a finalement été reconnue coupable de blanchiment et d’abus de biens sociaux, mais elle a été relaxée pour les faux. Elle a été condamnée à trois mois de prison avec sursis, cinq ans d’interdiction de gestion d’entreprise et à la confiscation de 4 580 €, conformément aux réquisitions du parquet.

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